Pourquoi réparer avec l’impression 3D?

19 août 2024

Ces dernières années, l'accès à l'impression 3D s’est largement démocratisé, via notamment la baisse des coûts, la simplification de certaines technologies et la multiplication des ateliers participatifs. Une des applications prometteuses de l’impression 3D concerne la réparation.

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Cet article a été rédigé dans le cadre du projet RE.FAB TOUR, financé par la Région Wallonne. Nous vous proposerons régulièrement des articles liés à l’impression 3D pour la réparation. Retrouvez ici toute la série, ainsi que des ressources aller plus loin et pour se former !

 

L’une des causes les plus importantes de non-réparation lors des Repair Cafés est le manque d’accès aux pièces détachées (indisponibles ou trop chères). Cette problématique est mise en avant par le Repair monitor au niveau international [1], et est également citée par les Wallons [2]. L’impression 3D s’impose comme une solution à cette problématique, en permettant de re-concevoir et de fabriquer une pièce détachée à moindre coût, surtout si celle-ci n’est plus disponible auprès du fournisseur, et ce localement et rapidement.

 

À gauche, les causes de non-réparation en Repair Café. En combiné, 37% d’entre elles sont liées à la difficulté d’accès aux pièces détachées [1]. À droite, les raisons pour lesquelles les Wallons déclarent ne pas avoir effectué des réparations sur leurs appareils [2].

 

Sur base de ce constat, l’impression par dépôt de filament (FDM), devenue une technologie accessible tant d’un point de vue technique qu’économique, est particulièrement plébiscité pour la réparation et connaît actuellement un essor important, L’impression 3D commence par exemple à être envisagée par certains fabricants, comme le groupe Seb, pour produire des pièces détachées [3]. D’autres ont même intégré cette possibilité dès la conception de leur produit : l’exemple typique est le mixer re:Mix, modulable, réparable et open-source [4] !

L’impression 3D pourrait faciliter l’accès à certaines pièces détachées, typiquement les petites pièces plastiques non produites, plus accessibles, ou trop chères. Celles-ci peuvent être imprimées chez soi, dans un atelier partagé tel un Fablab ou un Markerspace, ou via un service d’impression professionnel, et ainsi augmenter le taux de réparation de ces objets !  Et pour obtenir le dessin 3D, le modèle à imprimer? Deux solutions: récupérer la pièce sur une plateforme de partage de fichier 3D, ou re-concevoir soi-même sa pièce. Cette deuxième solution peut être un défi complexe, mais permet de créer une pièce personnalisée, unique, qui s’adapte parfaitement aux besoins spécifiques de la réparation.

Réparation d’un bouton d’une bouilloire à l’impression 3D : le design du bouton a été simplifié pour la réparation [5].

 

Afin de déployer la réparation à l’aide de l’impression 3D, un des enjeux importants est de former la communauté des réparateur·rice·s bénévoles et professionnel·le·s. Réparer à l’aide de l’impression 3D nécessite des compétences en Conception Assistée par Ordinateur (CAO) et aux spécificités de l’impression 3D en général (paramètres, orientation d’impression, …) et dans le cadre de la réparation (analyse, reconception et simplification du design, contraintes, …). Dans le cadre du projet Interreg North-West Europe SHAREPAIR, auquel a participé Repair Together, une méthodologie (3D Printing for Repair – 3DP4R) a été développée par la T.U. Delft [5], et a été publié sous forme de guide [6], traduit par notre association dans le but de diffuser l’information au sein du réseau des Repair Cafés.

L’impression 3D pour la réparation connaît donc une grande effervescence actuellement. L’enthousiasme qui l’accompagne ne doit pas pour autant en occulter les limites. Au-delà des promesses offertes par cette nouvelle technologie, et du double intérêt, à la fois économique (pour le consommateur) et environnemental (réduction des ressources consommées et des déchets), l’impression 3D pour la réparation connaît de nombreuses limites et challenges. Le cadre légal, notamment au niveau de la propriété intellectuelle des pièces re-conçues, est encore en évolution [7]. De plus, la qualité des pièces imprimées en 3D, en particulier via les technologies les plus accessibles, est limitée. Les réparations ne sont pas toujours robustes et durables dans le temps et tous les objets ne peuvent donc pas être réparés de cette manière.

 

Il est donc important de rappeler que l’impression 3D n’est pas une solution miracle ! Il faut éviter que cette technique ne devienne un pansement pour une problématique plus large, en promettant de tout rendre réparable, même ce qui n’est pas conçu pour l’être. Autrement dit, les promesses de l’impression 3D ne doivent pas justifier de rester dans une logique de (sur)consommation.

[1] Repair Monitor – RepairCafe.org – 2022

[2] Observatoire de la réparation en Wallonie – SPW Environnement – Mai 2022

[3] https://www.groupeseb.com/fr/webzine/limpression-3d-au-service-de-la-reparabilite

[4] https://www.openfunk.co/pages/re-mix

[5] van Oudheusden, A.; Bolaños Arriola, J.; Faludi, J.; Flipsen, B.; Balkenende, R. 3D Printing for Repair: An Approach for Enhancing Repair. Sustainability 2023

[6] Arriola, J. B., Oudheusden, A. van, Flipsen, B., & Faludi, J. (2022). 3D Printing for Repair Guide. TU Delft OPEN Textbooks.

[7] https://repair.eu/fr/resources/opinion-de-la-coalition-right-to-repair-europe-concernant-les-plans-3d/