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Les batteries non remplaçables ne sont pas une bonne nouvelle pour l’environnement et les consommateurs

06 décembre 2021

Vous prévoyez d'acheter un smartphone, VAE ou tout autre produit comprenant une batterie rechargeable pour Noël ? Voici des nouvelles du rapport de R2R, BEE et l'Université de Lund sur le démontage, le remplacement et la réparabilité des batteries.

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Article original en anglais (R2R)


 

Les batteries sont présentes dans la plupart des produits d’aujourd’hui, qu’il s’agisse de smartphones, d’ordinateurs portables, de tablettes, de vélos ou de scooters électriques, et les estimations montrent que la demande continuera de croître au cours de la prochaine décennie (jusqu’à 60 % pour les batteries dans l’électronique grand public et 15 % pour les vélos et scooters électriques d’ici à 2030).

Pourtant, à l’heure où l’Europe se veut leader sur les questions de climat et de durabilité, la plupart des batteries sont soit non remplaçables, soit non réparables, ce qui entraîne une réduction de la durée de vie des produits, une augmentation des déchets électroniques, une perte de matières premières essentielles et des dépenses inutiles pour les consommateurs.

 

Telles sont quelques-unes des conclusions d’un rapport publié aujourd’hui par le Bureau européen de l’environnement, la campagne Right to Repair et des chercheurs de l’université de Lund. (EN)

 

Produits différents, mêmes défis

Lorsque les performances d’une batterie diminuent, cela ne signifie pas que l’appareil tout entier doit être jeté. La réparer ou la remplacer permet aux consommateurs de continuer à utiliser leur produit, ce qui évite les déchets électroniques inutiles et l’achat d’un produit de remplacement. Pourtant, la recherche a révélé qu’il existe de nombreuses difficultés pour accéder aux batteries afin de les remplacer ou de les réparer.

Les boîtiers de batterie soudés ou collés, par exemple, rendent impossible l’accès à la pièce défectueuse, tandis que les verrous logiciels, en particulier pour les vélos électriques, empêchent la remise en état par des réparateurs indépendants et que la pénurie de pièces de rechange et d’outils rend impossible la réparation ou le remplacement des batteries.

 

Batteries remplaçables : bon pour la planète, bon pour les gens

L’étude a révélé que la défaillance de la batterie est l’un des problèmes les plus courants pour de nombreux appareils électroniques grand public et qu’elle est souvent le premier composant à tomber en panne dans les vélos et scooters électriques.
42 % des réparations de smartphones et 27 % des réparations d’ordinateurs portables sont liées au remplacement de la batterie.

 

« C’est extrêmement inquiétant car la durée de vie moyenne des batteries de ces produits est d’environ 3 ans et la majorité des réparateurs avec lesquels nous avons discuté ont déclaré que le risque d’endommager un appareil en retirant la batterie a augmenté. Cela suggère qu’un nombre important d’appareils sont jetés prématurément en raison de la défaillance de la batterie ».

Chloé Mikolajczak, responsable de campagne, Right to Repair Europe.

 

En revanche, les avantages des batteries amovibles remplaçables sont nombreux. Par exemple, si tous les nouveaux téléphones et tablettes vendus dans l’UE en 2030 étaient équipés de batteries facilement amovibles et remplaçables, 674 834 tonnes de CO2 pourraient être économisées, 19,8 milliards d’euros ne seraient pas dépensés en raison du remplacement inutile de 39 millions d’appareils, et des matières premières essentielles dont on a un besoin urgent pour la transition énergétique, comme le cobalt et l’indium, ne seraient pas perdues.

De même, en rendant les batteries faciles à retirer, on augmenterait leur taux de collecte et on réduirait les risques de sécurité liés au recyclage. Actuellement, on estime que 80 % des batteries dans les installations de traitement des déchets sont retirées manuellement et les recycleurs signalent que le retrait des batteries est devenu de plus en plus compliqué, ce qui entraîne une baisse des taux de retrait et de recyclage.

 

Une autre conséquence de la difficulté accrue de l’enlèvement des batteries est le nombre d’incendies dans les installations de recyclage. Un rapport récent sur l’ampleur des incendies dans l’UE, qui a interrogé plus de 100 entreprises dans 20 pays, a révélé qu’un tiers des recycleurs interrogés ont signalé des incendies très graves liés à des batteries défectueuses.
C’est pourquoi une coalition de réparateurs d’appareils électroniques et de batteries, l’industrie du recyclage et des ONG environnementales représentant au moins 500 organisations ont publié aujourd’hui une déclaration commune appelant la Commission européenne à prendre des mesures en faveur de batteries plus démontables, remplaçables et réparables dans le prochain règlement sur les batteries.

 

Le temps d’une réglementation ambitieuse

Le moment est en effet crucial. La Commission européenne a proposé un « règlement sur les batteries » qui vise à s’attaquer à l’ensemble du cycle de vie des batteries, de la chaîne d’approvisionnement à leur élimination, dans le but de les rendre plus durables. La proposition, actuellement entre les mains du Parlement européen et du Conseil, traite du démontage des batteries, mais les propositions n’abordent pas les questions essentielles, notamment : inclure les véhicules électriques légers dans le champ d’application, aborder la disponibilité des pièces de rechange, empêcher les blocages logiciels et éviter les exemptions et les lacunes inutiles.

 

« Bien que de nombreuses entreprises s’efforcent de remplacer, de réparer et de recycler les batteries des appareils électroniques tels que les smartphones et les vélos électriques, la mauvaise conception des produits et les logiciels rendent cette tâche de plus en plus difficile, voire impossible. Les fabricants gaspillent des ressources précieuses et obligent les consommateurs à remplacer leurs appareils avant d’en avoir besoin. Le Conseil et le Parlement européens, qui négocient actuellement le règlement européen sur les batteries, ont le pouvoir de s’attaquer à tous ces problèmes. »

Pierre Schweitzer, Policy Officer for product policy at the EEB