Aller au contenu

Révélé : Le coût climatique des « smartphones jetables »

21 janvier 2020

Une nouvelle étude révèle que prolonger d'un an seulement la durée de vie des smartphones et autres appareils électroniques permettrait à l'UE d'économiser autant d'émissions de carbone que le retrait de 2 millions de voitures des routes chaque année.

3

Des experts ont évalué les avantages pour le climat de rendre plus durables les smartphones, les ordinateurs portables, les machines à laver et les aspirateurs en Europe.

L’étude a montré qu’en prolongeant de cinq ans la durée de vie de ces produits dans l’UE, on pourrait économiser près de 10 millions de tonnes d’émissions (équivalent CO2) par an d’ici 2030. Cela équivaut à retirer 5 millions de voitures des routes pendant un an, soit environ le nombre de voitures immatriculées en Belgique. Même une seule prolongation d’un an permettrait de réduire les émissions de 4 millions de tonnes par an.

Ces chiffres élevés sont dûs aux énormes quantités d’énergie et de ressources nécessaires à la production et à la distribution de nouveaux produits ainsi qu’à l’élimination des anciens.

« Cette étude prouve une fois de plus que l’Europe ne peut pas remplir ses obligations climatiques sans s’attaquer à ses modes de production et de consommation « , a déclaré Jean-Pierre Schweitzer, expert en politique des produits au Bureau européen de l’environnement (EEB), qui a publié le rapport au nom des campagnes Coolproducts et Right to Repair.

Avec une durée de vie moyenne de trois ans, la production des smartphones européens engendre le plus grand impact climatique parmi les produits analysés. Les ONG ont estimé que le cycle de vie complet de nos téléphones est responsable de 14 millions de tonnes d’émissions (CO2) chaque année, ce qui est plus que le budget carbone de la Lettonie en 2017. L’augmentation de leur durée de vie d’un an seulement permettrait d’économiser plus de 2 millions de tonnes d’émissions, conclut le rapport.

« L’impact climatique de notre culture des smartphones jetables est bien trop élevé. Nous ne pouvons pas nous permettre de les remplacer tous les deux ou trois ans. Nous avons besoin de produits qui durent plus longtemps et qui peuvent être réparés s’ils se cassent « , a dit M. Schweitzer.

 

Laissez-nous le réparer : Le droit à la réparation

L’étude coïncide avec la croissance du mouvement du droit à la réparation en Europe, qui vise à contrer l’obsolescence planifiée – la pratique selon laquelle les produits sont mal conçus, impossibles ou trop coûteux à réparer, et sont remplacés prématurément.

Bien qu’il soit difficile d’évaluer si les entreprises réduisent délibérément la durée de vie des appareils électroniques, la proportion d’appareils défectueux remplacés par des consommateurs est passée de 3,5 % en 2004 à 8,3 % en 2012.

Les ONG ont récemment réussi à faire pression en faveur d’une réglementation à l’échelle de l’UE visant à prolonger la durée de vie d’un petit groupe de produits, notamment les téléviseurs, les réfrigérateurs, les machines à laver, les lave-vaisselle et les produits d’éclairage. À partir de 2021, les fabricants devront veiller à ce que ces produits soient faciles à démonter et devront mettre les pièces de rechange et les informations sur les réparations à la disposition des réparateurs professionnels. Les nouvelles règles, qui font partie de la directive sur l’écoconception, devraient être officiellement adoptées par la Commission européenne en septembre ou octobre 2019.

Le rapport fait pression sur les décideurs politiques de l’UE pour qu’ils ajoutent également les smartphones et les ordinateurs portables à la liste de produits à envisager dans le cadre de la directive sur l’écoconception.

« Le soutien du public en faveur de produits durables et d’une action en faveur du climat s’intensifiant, nous avons l’occasion de repenser radicalement la manière dont nos produits sont conçus et fabriqués. L’UE peut être un chef de file sur ce front, ayant déjà été à l’avant-garde de certaines lois novatrices qui obligent les fabricants à rendre certains produits plus faciles à réparer », a conclu M. Schweitzer.

Consulter ou télécharger le rapport (ENGL): Coolproducts don’t cost the EARTH – Report